Dans le Paris des fêtes de Pâques , envahi par les Anglaises , les mini jupes testent le badaud .
« Lundi : pourquoi pas moi ? Après tout je n'ai que dix-sept ans et si je n'ose pas maintenant, je n’oserai jamais... J’ose ? Je n’ose pas ? J’ai feuilleté les magazines, Françoise Hardy a bien osé elle. Je suis quand même un peu plus grosse que Françoise, et maman ne voudra jamais. Jeudi ; j’ai osé. Après tout le short ce n’est pas tellement différent, un copain m’a demandé « Tu as fait une économie de tissu ? » J’ai souri. « Non, ai-je répondu, je vais faire du tennis. » Il y a eu un ou deux coups d’œil désapprobateurs. J’ai tiré sur ma jupe comme si je voulais qu elle s’allonge. Et puis j’ai regardé les autres : sont-elles mieux que moi ? Après tout j’ai seulement un peu froid aux jambes. Samedi je suis allée danser au « Cherry Lane ». Là je n'ai pas eu le moindre complexe, je n'étais plus la seule. Tout de même je suis fière. J’ai vraiment l’impression d’avoir été le pionnier de quelquç chose ! »
Ceci est l’extrait d’un journal intime d’une « mini-jupe-girl ». Nous vous le livrons tel qu’il fut écrit sans aucun commentaire.
Suzy , une cover girl londonnienne passe devant les " Deux Magots " sur une bicyclette dont les roues ont rétréci comme sa jupe . Les Parisiens n'avaient pas été aussi étonnés depuis le New-Look . Entre Paris et Londres, le match est ouvert . Pour l'instant l' Angleterre gagne de quelques centimètres . Mais en France , l' exemple des mini jupes est venu d'en haut : tout à commencé cet hiver avec les quelques cinq cents modèles des grands couturiers dont le plus court était au genou .
Une nuit au Cherry Lane à Saint Germain Des Près , les mini jupes sont à l'honneur . A la question "Les porteriez vous à midi ? " , la moitié des danseuses a répondu "seulement le soir !" .
Une élégante s'aventure rue Lepic. Sur elle, la robe ultra-moderne d'un grand couturier. Les marchandes la prennent à partie. « Cette mode est un scandale ! » Les passantes s'excitent, l’élégante est lynchée.
Ce fait divers date de mars 1947, et la robe descendait presque jusqu'aux chevilles. Six mois plus tard, pourtant, toutes les Françaises étaient habillées « new-look ».
« Nous ne montrerons jamais nos genoux ! La mode nouvelle est indécente ! » a dit la majorité des Françaises en voyant apparaître, ce mois-ci les premières mini-jupes. Résisteront-elles longtemps? Nos reporters ont emmené un mannequin court-vêtu, rue Lepic, là même où, il y a dix-neuf ans, l’élégante new-look fut lynchée : les marchandes, cette fois, loin de s'offusquer, ont approuvé.
Mini Skirts in Paris